• Ce matin, les informations du jour nous ont montré un reportage « courageux » car clandestin sur une réalité du sida en Chine.
    Des centaines de gens contaminés par des transfusions sanguines, mis en quarantaine dans leurs villages, ceux-ci rayés des cartes pour tenter de conserver le secret.
    Pour le gouvernement Chinois, ces gens n'existent plus nous dit le commentaire, témoignage de militants chinois anti-sida à l'appui. La faute à la corruption, sans doute.
    J'ai regardé cela avec ahurissement. Beaucoup ont du se dire « quels salauds ces Chinois ». Beaucoup ont du, consciemment ou non, être rassurés : cette Chine qui nous menace n'est pas parfaite. Rassurés aussi, ceux qui se sont dit qu'ils avaient de la chance de ne pas être chinois.
    J'imagine que peu de personnes se sont souvenus du scandale du sang contaminé, et des non lieux dont la plupart des responsables ont bénéficiés. Mais nous c'est différent, c'est la France. Pays civilisé, démocratique, état de droit.
    Le reportage en tout cas n'a pas évoqué la chose.
    C'est assez triste.
    Triste que nous soyons amnésiques.
    Triste que nous nous rassurions du malheur des autres.
    Triste que nos erreurs n'aient pas servis à en prévenir d'autres, ailleurs.
    Triste que des journalistes ne s'autorisent pas à ajouter un et un, parce que cela nuirait à la confiance des ménages et à la consommation, ou renforcerait le mécontentement ambiant, sans doute.
    Triste que la presse audiovisuelle s'attache surtout à ne pas faire de vague.


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  • Si vous prêtez un peu attention à la presse ces temps-ci, vous aurez certainement remarqué la levée de boucliers qui accueille la sortie de « la vallée des loups : Irak », film turc qui propose une version héroïque de la résistance aux opérations occidentales en Irak, et qui fleure apparemment bon l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme de base.
    Bon admettons, c'est un film propagandiste, raciste et crétin flattant les instincts des nationalistes et panislamistes de Turquie et d'ailleurs. Soit.
    Mais interrogeons nous plus avant sur la réaction outrée dont nous savons si bien faire preuve. Vous avez vu « Aube rouge » ? Vous avez vu Rambo II et III ? Et tous ces films de commande de l'armée américaine qui vantent l'héroïsme des marines, des commandos, de l'Air Force ou du citoyen américain de base ? Lorsque les media en parle, la plupart du temps, il s'agit de « films à grand spectacle ». Jamais personne ne les qualifie de « film de propagande raciste ». Mais faites attention à la façon dont les autres, l'ennemi, est traité, et vous verrez que la notion de surhomme occidental civilisé et vertueux face à la barbarie asiatique, hispanique, soviétique ou musulmane (selon les époques) est bel et bien là.
    Et je ne parle pas des cinémas français (qu'elle est belle la Résistance ! Qu'ils sont c... ces allemands ! Qu'ils sont bronzés ces loubards...), russes, israéliens ou chinois.
    De quel droit le cinéma turc devrait-il ne produire que des films intimistes, sensibles et parfois longuets ? Parce que c'est un cinéma minoritaire ? Tiers-mondiste ? C'est du racisme anti-turc et les turcs ne se considèrent certainement pas comme culturellement insignifiants ou faisant partie du tiers monde. Alors au nom de la lutte anti-raciste, je réclame le droit pour le cinéma turc d'être aussi mauvais et bête que le cinéma américain, et pour les mêmes raisons : faire du pognon. Au moins les crétins assoiffés d'hémoglobine qui iront voir La vallée des loups donneront leur écot à leur cinéma national, et pas aux superproductions occidentales. S'il suit la même évolution qu'Hollywood, il finira par faire des films intelligents, par réaction.
    Il y a plus grave.
    Si l'on en croit le sensationnalisme des media, celui des premières pages, celui qui alimente les discussions de comptoir, l'Islam se résume à une bande d'excités intolérants, à des appels au meurtre, au refus de la démocratie, à des criminels aveugles, à des maîtres chanteurs à la bombe atomique, à des misogynes, à des intolérants, à l'obscurantisme que nous supposons derrière toute pratique religieuse soutenue, à des régimes corrompus et cruels. Et nous traitons les turcs de racistes pour un malheureux film ?
    Posons la question de notre propre intelligence, car nous sommes manipulés, consciemment ou non. Nous aussi attendons qu'on nous flatte, dans le sens du poil de la bête qui sommeille en nous, et qui n'attend qu'une caution « officielle » pour dire qu'elle n'aime pas les « arabes », les juifs ; les autres en général.
    Alors à quel jeu jouent les media ?
    La vallée des loups ne crée par le sentiment anti-occidental, il l'exploite. Et si l'on veut que se sentiment disparaisse, alors tâchons de ne pas être haïssables. Et commençons par arrêter de donner des leçons.
    L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi, disait Desproges.
    Et si l'ennemi avait raison ?

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  • Il y a des mots qu'il devrait être interdit aux journalistes d'exploiter jusqu'à la corde, et depuis l'année dernière, Tsunami fait partie de ceux-ci.
    Phénomènes inconnus ou presque de la majorité des lecteurs et auditeurs de la presse avant la catastrophe asiatique, les tsunamis nous tombent dessus depuis un an comme les obus à Verdun : tsunami dans tel parti politique en proie aux luttes de pouvoirs, tsunami sur la conscience française et le modèle républicain après les émeutes de banlieues, tsunami palestinien, boursier, judiciaire, je suis absolument sûr d'en oublier parmi ceux que l'on nous a servis sur les ondes ces derniers temps. Deux dans le seul bulletin d'une radio nationale d'information de ce matin.
    Il faut croire que la priorité des rédactions est de transformer l'actualité en série à suspens et pas de relater des faits. Rien de tel pour cela que de doper l'intérêt des lecteurs à grand coup d'adrénaline et d'émotion subtilement réveillée hors de son contexte d'origine.
    Messieurs des rédactions, arrêtez de nous faire croire que vous avez l'information inédite ou l'analyse pertinente qui démontre l'imminence de la fin du Monde. Arrêtez de vous transformer en donneur d'électrochocs, alors que vous ne faites qu'assommer les opinions et les consciences sous des formules toutes faites.
    C'est indécent envers les victimes et leurs familles.
    C'est fatigant.
    C'est lamentable et montre à quel point le talent et l'imagination peuvent manquer dans certaines rédactions.

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  • La France politique d'aujourd'hui offre un spectacle pour le moins étrange. On y voit, entre autre :
    Des communicants bien habillés, genre gendre idéal, défoncer des portes ouvertes en annonçant solennellement des mesures en place depuis des années. (Ils sont plusieurs, dans tous les camps).
    D'autres communicants parler « peuple » et jouer sur les tensions et les idées reçues pour exacerber la désignation de boucs émissaires, tout à la fois délinquants, parasites et terroristes potentiels. Le tout après avoir sabordé, et continuer à le faire, tout ce qui contribuait à faire tomber la pression sur certaines zones défavorisées. Rien de plus facile pour être à l'heure sur un incendie que de l'allumer soi-même. (Vous savez de quoi je parle).
    Une assemblée nationale tenue de respecter les ordres du gouvernement.
    Un gouvernement qui retarde le vote des lois quand, parce que certains réfléchissent quand même, l'assemblée en question amende les textes proposés dans un sens qui ne va pas dans l'intérêt des groupes de pression qui les ont commandés. (Voir la loi sur la propriétés intellectuelle et Internet, discutée en ce moment, pour laquelle les experts de Virgin sont gentiment venus faire une démonstration de piratage à l'Assemblée Nationale).
    Le même gouvernement qui fait passer les lois les plus importantes quand personne ne regarde et que les députés ont hâte de terminer la session (en août, aux vacances de Noël), ou qui les camouflent au sein d'autres textes plus anodins. (Le grignotage progressif du statut fiscal de l'épargne, par exemple)
    Des discours qui vous expliquent qu'il n'y a pas d'argent, que c'est la faute de Bruxelles ou de l'OMC, ou des chômeurs, ou du pétrole, ou des fonds de pensions, histoire que les responsabilités, pourtant briguées avec beaucoup d'assiduité par tous, ne soient pas assumées.
    Des discours qui disent aussi que les lois de l'économie sont ce qu'elles sont et qu'on n'y peut rien, sauf que les lois de l'économie en question n'existent pas, et que la politique n'est pas de la gestion, mais de la prévoyance (mais ça fait bien longtemps que nous n'avons à ce sens plus d'hommes politiques : cf Les Vraies Lois de l'Economie de Jacques Généreux).
    Une opposition dont rien n'indique qu'elle soit en quelque point que ce soit différente de la majorité actuelle, et qui étale ses querelles internes pour affirmer sa présence, parce qu'elle n'a pas de programme.
    Une classe politique dans son ensemble qui tient plus des intermittents du spectacle, abonnée au showbiz et aux émissions people, que d'une élite éclairée, courageuse et déterminée qu'elle est sensée être.
    Ajoutez à cela des campagnes politiques qui tiennent plus des grands messes consensuelles que du débat, le grand copinage entre politiciens et media, des institutions européennes qui fondent une partie de leurs décisions sur des comités d'experts non élus et accessibles des seuls groupes de lobbying, des fachos de tous bord qui se font un plaisir de promettre le paradis national et / ou social à grand coup de « y a qu'à », une classe d'affaire bien introduite qui ne s'intéresse plus à l'industrie mais aux rendements des capitaux, des syndicats qui ne défendent souvent plus que des privilèges (en les appelant inégalités, ce qui n'est pas faux d'ailleurs)...et des citoyens qui baissent les bras et retournent devant la télévision.
    On pourrait en rire, mais cela m'inquiète.
    La Démocratie a-t-elle encore de l'avenir ?

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  • Stendhal disait : « qui s'excuse
    s'accuse ». Mais il est des cas où, étant coupables, il est grand de
    demander pardon, et de pardonner.
    Bravo donc à Jacques Chirac et Lionel Jospin
    d'avoir fait leurs excuses, au nom du peuple français, aux algériens.
    Bravo à Jean-Paul II d'avoir présenté les excuses
    de la chrétienté occidentale à ceux qu'elle a fait souffrir parce qu'il ne
    croient pas comme nous. Et non, ce n'est pas si ridicule que ça ni dérisoire de
    le faire avec quelques siècles de retard, puisque les rancunes survivent,
    elles, aux siècles.
    Mais ce qui serait bien, c'est que nous
    n'attendions pas que nos gouvernants choisissent le moment et les destinataires
    de nos pardons. Ce qui serait bien c'est que nous fassions, nous, en tant que
    citoyen, notre devoir de mémoire.
    Alors allons-y.
    Complétez la liste s'il manque quelqu'un.
    Pardon donc...
    Aux esclaves africains transportés outre Atlantique
    par nos navires au départ de Nantes, Bordeaux et Saint Nazaire.
    Aux peuples victimes de notre colonialisme passé et
    présent, et notamment à tous ceux abattus comme des chiens par nos chers
    troufions pour avoir eu le culot de demander leur liberté, dans le cadre de
    notre mission « civilisatrice » et loin de la presse et de
    l'indignation publique. A tous ceux aussi que derrière la vitrine glorieuse de
    l'empire colonial nous avons humiliés et traités, au mieux, comme des
    sous-citoyens.
    Aux Natchez de Louisiane, qui ne sont plus là pour
    recevoir nos excuses.
    Aux Acadiens abandonnés à leur sort et à la
    déportation.
    Aux juifs et protestants persécutés à maintes
    reprises le long de notre histoire.
    Aux cathares et aux vaudois, éradiqués au nom de la
    filiation entre <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname>
    et l'Eglise de Rome et d'une manière générale aux victimes des croisades
    auxquelles nous avons participé.
    A tous ceux qui ont servi <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> et n'ont reçu que
    l'aumône d'une ridicule pension d'ancien combattant.
    A tous les fusillés pour l'exemple, les condamnés à
    mort innocents, les déportés de Cayenne, les communards, les guillotinés de 92
    et d'après.
    Aux Chouans et Vendéens.
    Et à tous ceux au martyr desquels nous n'avons pas
    participé, mais pour qui nous n'avons rien fait quand c'était en notre pouvoir.
    Souvenons-nous d'eux. <st1:personname productid="la France" w:st="on">La France</st1:personname> est aussi cette
    souillure, et pas seulement le vin, la liberté et la sécurité sociale. Que nos
    souvenirs nous rendent meilleurs et plus solidaires.<o:p />




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