• Pureté




    Voilà un mot étonnant.
    On attend de l'innocence, la tendresse de l'enfance (mais les enfants sont-ils si gentils que ça ?), on trouve l'angoisse: celle de la perdre, celle de ne pas satisfaire les prérequis du père divin pour la sauvegarde de son âme.
    Alors pour la trouver on cherche des guides, des spécialistes du mode d'emploi de la pureté. Heureusement il y a les Livres, qui nous disent les recettes à suivre pour assurer son au-delà. Plus vous respectez leurs consignes, plus vous êtes purs.
    Le problème des gens purs, c'est qu'ils deviennent obsédés de la souillure. Alors ils consignent les interdits soigneusement. Ne pas manger ça, ne pas faire ceci tel jour, ne pas oublier d'agir de telle sorte à tel intervalle.
    Et chacun y va de sa surenchère, comparant sa pureté à celle des autres, cherchant à établir une hiérarchie, à savoir où il en est.
    Pendant ce temps, les docteurs en pureté rigolent (enfin non, c'est souvent interdit aussi) et se frottent les mains, vérifient l'étendue de leur pouvoir en édictant d'autres interdits, d'autres règles, proposant des places au marché noir pour la droite immédiate de Dieu.
    Bien sûr il n'est pas possible en suivant les préceptes des Livres d'être soi même impur au delà de toute rédemption. Pourtant il y a souillure, forcément. Sinon le monde serait parfait. Chacun recevrait les signes visibles de la faveur divine.
    Comme ce n'est pas le cas il faut une explication. Elle est facile à trouver.
    Ce sont les autres.
    Ceux qui ne prient pas comme nous, ou pas assez.
    Ceux qui n'ont pas la connaissance de la langue sacrée.
    Ceux qui n'ont pas la même couleur de peau.
    Et pour qu'ils ne souillent plus les purs, qu'ils ne soient plus à l'origine des maux dont les fidèles souffrent malgré leur dévotion, il n'y a qu'une solution qui vient, tôt ou tard, à l'esprit.
    Les éliminer, comme on élimine une tâche sur un drap, et avec le même degré d'émotion.
    Les purs des nations du Livre le suivent à la lettre, dans le moindre détail. Coran, Thora, ou Nouveau Testament (deux d'entre eux doivent avoir tort, au passage)
    Sauf un point.
    Le seul qui leur soit absolument commun, et qui les fondent toutes les trois.
    Tu ne tueras point.
    Gageons que Dieu saura s'en souvenir...


  • Commentaires

    1
    Mercredi 15 Décembre 2004 à 11:29
    Boutons la mauvaise...
    conscience acquise inopinément hors de nos esprits et cultivons nos ames selon nos propres valeurs, notre propre sagesse et notre propre morale... Quant au précepte "tu ne tueras point" en effet... il fut vite oublié puisqu'ils l'appliquèrent eux meme... Félicitations pour ce billet d'humeur Apache... sourire
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    2
    Mercredi 15 Décembre 2004 à 11:50
    Merci...
    pour le commentaire. J'essaierai de traiter des sujets plius gais dans les jours qui viennent.
    3
    Mercredi 22 Décembre 2004 à 09:27
    Coïncidence...
    ... j'ai justement discuté ces derniers jours avec une musulmane de 23 ans, étudiante, plutôt ouverte d'esprit, et qui a décidé d'exprimer sa foi de façon ostentatoire en portant le voile, depuis maintenant plus d'un an. Pour elle, la foi, c'est comme avoir le coeur "branché", connecté. Et tous ceux qui n'ont pas la foi, qui sont "non connectés", sont suceptibles, de par ce vide laissé, d'engendrer la souffrance.... Vision plutôt réductrice pour le coup, enfin à mon sens. Et pourtant, si tous les Hommes sentaient en eux de l'amour à la place de l'angoisse, probablement que le monde serait meilleurs. Et l'idée de la foi n'est-elle pas justement de réaliser ce tour de force ?
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