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Racisme
Il y a dans la manière d'aborder le racisme dans la presse
et la politique quelque chose qui me dérange. Pas le principe bien sûr :
la pureté morale ou ethnique est une aberration éthique, biologique, politique,
économique et philosophique. C'est le plus sûr moyen de condamner une nation à
la disparition dans les brumes de l'histoire.Non ce qui me dérange, ce sont les distinctions. Nos media
et nos hommes politiques ont progressivement développé un triptyque de notions
redondantes : antisémitisme, homophobie et racisme.Pourquoi cette pléthore de vocabulaire pour un phénomène
bête et méchant au sens strict de l'expression? Je ne peux m'empêcher de penser
que cela crée une hiérarchie de l'abject. Il y aurait donc parmi les racismes
des cas particuliers lorsqu'ils touchent les juifs et les homosexuels. Youpin
et Pédé sont donc des injures différentes dans leur nature de Bougnoule ou
rital. Ah bon ? Pourquoi ? Clientélisme ? Fantôme de
l'Histoire ?Pardonnez-moi mesdames et messieurs les victimes de ces
racismes qui se veulent particuliers, mais à laisser la démagogie et les
travers de langages journalistiques créer cette distinction, vous vous laissez
remettre sur la poitrine, à mon avis, des triangles roses et des étoiles
jaunes.Distinguer les attaques dont vous êtes victimes de celles
contre les maghrébins, les africains, les asiatiques ou, parce que ça existe
aussi, les blancs, c'est vous positionner en supérieurs à ceux là. De quel
droit ? Et le discours revendicatif systématique légitimé par votre propre
exclusion n'est-il pas une accusation contre les « autres » ?
Donc du racisme latent.Alors que vous devriez être solidaires de toutes les
victimes de la ségrégation pour que nous, tous ensemble, nous rendions le monde
meilleurs.Vous ne lutterez pas, ni vous ni les autres, contre la
bêtise ambiante par des lois et des revendications identitaires et
particularistes, mais par la citoyenneté, le talent et l'intelligence.Oui à la différence, non à la différenciation.
Continuons à laisser des communautés identitaires se
développer et un jour ou l'autre, elle se feront la guerre. Cela a d'ailleurs
déjà commencé.Les enjeux politiques de quelques arrondissements parisiens
ne valent pas ça, mesdames et messieurs les politiques.
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Commentaires
C'est pas idiot...
Je sens qu'il va y avoir une conversation autour d'une bière sur ce sujet...3TschokLundi 20 Décembre 2004 à 12:50Euh...
Je te suis bien, mais j'objecte: d'une part, si le racisme, l'homophobie et l'antisémitisme sont peut être les expressions différentes d'un phénomène unique, la bêtise ou la méchanceté telles qu'elles se révèlent dans l'histoire, il n'en reste ps moins qu'il recouvrent des démarches intellectuelles qui n'ont rien à voir entre elles, en pratique. Ce n'est pas parce qu'on les distingue qu'on les hiérarchise. D'autre part, il existe un hiérarchie dans l'abjecte. En théorie ça se discute, dans les faits ça se constate. Les sociétés luttent contre l'abjecte à partir d'un certain seuil, ou d'une certaine perception du franchissement d'un seuil. Le viol d'une femme enceinte n'est pas perçu de la même façon que le viol d'une femme qui ne l'est pas. Le viol d'une prostitué est reagardé comme quelque chose de moins grave que le viol d'un enfant, etc... Il y a donc un hiérarchie dans l'abjecte. Reste à savoir qui va tirer la couverture à soi, qui va être la bonne victime.4TschokLundi 20 Décembre 2004 à 13:04C'est juste...
Mais comme tu le dis, ça se discute, et j'ai du mal à admettre cette hiérarchie de fait. Peut-être que je rêve, mais il faut aller plus loin que ce corpus de pensées réflexes et remettre nos valeurs à plat. Il n'y a pas d'excuse valable à la discrimination, et être victime de discrimination n'est pas non plus en soit une excuse pour être à son tour discriminant. Et surtout, ne pas utiliser ces distinctions à des fins de clientélisme politique.
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... à moins que ce ne soit l'inverse ! Il reste que l'antisémitisme et l'homosexualité sont des formes de racisme qui prennent leurs racines dans les siècles qui précèdent notre ère, et il est bien malheureux que ces paradigmes aient survécu jusqu'à nos jours. Peut-être pouvons nous chercher d'abord à comprendre le phénomène avant de le dénoncer, car le dénoncer sans le comprendre, cela revient probablement à mettre de la peinture sur la rouille... Pourquoi ces formes de différentiation sont-elles si persistantes, pourquoi ne savons-nous pas nous débarrasser de ces modes de pensées qui, si jadis, avaient du sens (encore faut-il le démontrer) aujourd'hui, reflètent davantage notre incapacité à lâcher notre passé ? Allez, j'ose une hypothèse : l'amour pathologique pour notre Histoire nous "protège" d'un avenir incontrôlable et de ce fait angoissant...