• Memento mori 2

    Celle-ci a été prise à Ravenne, dans un petit enclos près de la porte des murailles romaines.

    Franchement, j'ai cru que quelqu'un avait réellement oublié son pardessus sur le banc. Mais en approchant, on constate que celui-ci est fait en petite tuiles de céramique. Peut-être encore plus émouvant que celui de Mantoue, ce mémorial aux disparus de la seconde guerre mondiale, particulièrement aux déportés, et au-delà à ceux des années de plomb, est particulièrement touchant.

    On y trouve tout: le vide, l'absence, le retour que l'on espère, le point d'interrogation posé par un banc désert, illustrant sans doute le plus incompréhensible des horreurs du temps. Car la disparition a pris place dans un quotidien absolu. Pas de grande scène d'action, pas de geste héroïque. Des hommes, des femmes, assis sur un banc au soleil, dans leur cuisine, endormis, au travail, au marché, tout d'un coup oblitérés comme si ils n'avaient jamais été là, anonymes qu'ils étaient pour la majorité.

    Et pour leurs proches, le refus de l'absence, l'attente qui commence, le deuil impossible quand l'espoir disparaît, l'horreur d'une situation ou rien ne garantit le lendemain dans un arbitraire absolu.

    Mais dans les plis de ce manteau posé sur ce banc, il y a aussi le refus de l'absence totale qu'est l'oubli. Il y a les braises de la vie que les survivants soufflent.

    Vous, moi, aurions pu être sur ce banc. Et aujorud'hui encore à le voir, le premier réflexe est l'envie de s'y asseoir pour veiller sur le manteau jusqu'au retour de celui qui l'a perdu là.


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