• Il est des endroits comme ça, qui sont à la ville ce que la grève est à la mer : un lieu où l'on s'échoue.

    C'est étrange : la rue est bien là, éclairée et sereine, mais personne n'y passe. Une voiture garée là donnerait aussitôt le sentiment d'y être de toute éternité, comme une épave.

    C'est troublant, une rue déplacée. Elle était pourtant parfaite dans son rôle. Son avenir était clair, son destin tout tracé. Elle devait assurer aux pneus de ses amis silence, confort et sécurité. Limousines et coupés auraient du s'y presser, mais voilà, elle n'a pas accosté les rivages du réel au bon endroit.

    Le bar du coin de la rue est aussi déplacé, non dans l'espace mais dans le temps. Quels que soient ses horaires il est toujours désert, comme s'il n'était jamais prêt au bon moment pour ceux qu'il rêve d'accueillir, à moins que ce ne soit l'inverse.

    Il n'est pas vide pourtant, mais il est des présences qui soulignent le désert bien plus qu'elles ne le peuplent, des souvenirs de pluies qui révèlent l'aridité. Ceux qui sont là ce soir sont aussi égarés : des souvenirs qui rêvent d'être vécus, des fantômes de vies ignorant qu'elles sont mortes. Ils ne repartiront pas. Ils sont perdus. Ils sont échoués, eux aussi.


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  • Un parc, un bar, une gare, une église. Un matin, un soir, là ou ailleurs. Quelqu'un.

    Un pas. Un pas qui évite soigneusement d'aller dans sa direction. Un non-pas lent, presque immobile. Une vie entière au point de basculement. Un état de stase. Une seconde d'éternité.

    Un regard. Pas pour voir bien sûr, un regard qui glisse, sans s'arrêter, sur la raison même qui l'a fait naître. Il regarde le Monde tout autour de l'Objet. Un regard vide sur un monde rendu gris par l'omniprésente absence de son objet.

    Un pas immobile, un départ qui dit « viens ! », un regard aveugle, un mépris rien que pour Toi.

    Timidité.

     


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  • Certains d'entre vous se demanderont "mais pourquoi gargouilles ?". Ne dites pas non, c'est la question que je me pose la plupart du temps à propos des noms des blogs quand je les visite.

    Et bien parce que les gargouilles regardent le monde d'en haut, immobiles, depuis bientôt mille ans, et leur immobilisme, leur indifférence aux pluies acides et aux crottes de pigeon en font l'incarnation d'une forme de sagesse à laquelle, sans fausse modestie, j'aspire.

    Par ce que "gargouille", ça ressemble à "gargouillis", et que le monde dans lequel nous vivons à trop souvent de quoi me retourner l'estomac.

    Ceci dit je ne me complais pas dans la contemplation de tout ce que notre univers a de sale, détestable, horrible ou méprisable. Il y a encore de la lumière et si nous y prêtions autant d'attention qu'à toutes ces choses qui légitiment notre démission face à notre responsabilité de citoyen du monde, nous aurions peut-être plus envie d'améliorer celui-ci.

    Bonne lecture.

    Et pensez à faire de temps en temps un petit coucou à nos petits démons des toits.


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  • Ce n'était pas une héroïne, ni quelqu'un de particulièrement exceptionnelle. Juste une fille déterminée à être gentille et humaine.

    Depuis quelques jours le monde est un peu moins souriant.

    Salut Marion.


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