• L'optimisme scientiste du XIXème siècle a mené bien des savants et des penseurs de ce siècle et du suivant à rêver d'une humanité en bonne santé, débarrassée de ses tares et de ses déviances, unie dans les bienfaits de la civilisation occidentale triomphante et libératrice auprès des populations colonisées. Certains et non des moindres (Pearson, Galton, Shaw, Huxley, Richet, Papillaud, Trotsky, Coppens entre autres) en sont venus à rêver d'une humanité régénérée, élevée au sens agricole du terme en vue d'une perfection morale et physique.

    L'idée donne des frissons, et la plupart d'entre nous se sentent soulagés d'avoir laissé cette idéologie de la science dont la finalité serait l'homme parfait dans les limbes de notre réflexion philosophique.

    Ca reste à voir...

    Qu'est-ce que l'idée de base du Marxisme et néo-marxisme Laguillesque ? Des individus égaux plébiscitant le socialisme comme forme ultime d'organisation sociale, toute divergence étant anti révolutionnaire. Donc, un eugénisme.

    Qu'est-ce que l'idée d'un Fukuyama, invoquant ce monde parfait mu par les seuls mécanismes unificateurs du marché, faisant des habitants de la planète toute entière des consommateurs anglo-saxons pacifistes (c'est presque un oxymore) formant une communauté universelle grâce aux vertus de l'Internet ? Sinon un eugénisme...

    Qu'est-ce que le mythe de la pureté des uns, destinés de ce fait à dominer le monde dans l'adoration de la seule vraie foi, qu'elle soit chrétienne, musulmane, juive, ou autre ? Sinon un eugénisme...

    Qu'est-ce que le discours de certains sur les origines pathologiques de certains comportements sinon de l'eugénisme ?

    Qu'est-ce que cette volonté de faire de tous, si nous acceptons de sacrifier au dieu de la consommation des produits adéquats, de sempiternels jeunes, sportifs, dynamiques, adeptes des mêmes modes et des mêmes produits dérivés, dotés en définitive des mêmes formes, sinon une forme d'eugénisme ?

    Qu'est-ce que ce vice qui nous pousse à définir certains parcours comme des réussites et tous les autres comme des échecs. De l'eugénisme.

    L'égalitarisme supposé de nos sociétés se résume bien souvent à la jalousie des seconds envers les premiers, accompagné du dégoût des troisièmes. Chacun souhaite à son voisin d'être autant, sinon plus minable, que lui. Chacun veut ressembler, mais que personne ne lui ressemble, ne l'égale, ne le dépasse surtout.

    Facile dès lors de jouer sur les frustrations, la peur des déviances, des altérités. Facile de nettoyer, à la javel, au zyklon B, à l'eau pressurisée, à la voiture piégée, à la bombe atomique, en masquant par un mur les déchets que sont à nos yeux les autres, en décrétant le grand soir, ou toute autre méthode résolument "efficace et radicale".

    Soyez vous-mêmes, riches de vos différences et prêts à les partager, à les faire vivre, à vous émerveiller de leur complémentarité complice avec toutes les autres différences. Faites de votre vie une œuvre et pas une compétition, sauf si la compétition est votre nature, sans mépris et sans amertume.

    Ne cherchez pas à vous réfugier auprès de ceux qui vous ressemblent, à vous faire dicter la bonne manière d'être, de penser ou de faire. Donnez-vous au monde, au lieu de vous garder pour vous-même et votre ego.

    Refusez la logique de la frustration, de la peur, de l'orgueil qui ne réussit, finalement, qu'à perpétuer un système social et économique vide de sens. Refusez les sauveurs, les docteurs, les conducators.

    En un mot, vivez. Et soyez responsables.

    Sinon, vous serez toujours les bienvenus à Gathaca


    2 commentaires
  • Les élections, c'est dans deux jours et quelque chose me chagrine d'avance, à entendre les commentaires de l'homme de la rue, plus ou moins conscient des enjeux et des conséquences.

    Personnellement, lors du référendum sur la constitution européenne, j'ai voté non, en partie parce que je ne supportais pas le discours faisant des crétins arriérés de ceux qui refuseraient cette avancée vers un avenir brillant qui nous était tout à la fois promis et présenté comme inéluctable.

    Dans un peu plus de 15 jours, un nouveau président ou une nouvelle présidente sera élu(e). Ce ne sera peut-être pas celui ou celle de mon choix.

    Ce ne sera même certainement pas celui ou celle préféré(e) par une majorité de Français (au mieux il ou elle représentera la population correspondant à son score du premier tour). Mais même si ce (cette) président(e) incarne un risque de sombrer pour notre nation, même si certains s'inquiètent tantôt d'un risque de perte de démocratie, tantôt d'un refus dangereux de changer les choses, il ou elle aura la même légitimité que ses prédécesseurs.

    Alors même si ceux qui se sentiront lésés auront le droit de rester vigilants, je n'aimerais pas voir exploser une violence au nom de la soi-disant défense de la démocratie ou des droits.

    Même si le choix est celui dont on pense qu'il puisse être un des pires, il ne faudra pas faire de délit de faciès, ni de procès d'intention. Le président ou la présidente qui sortira des urnes le sera de par le choix et la responsabilité d'une majorité de votants au deuxième tour.

    Contester d'emblée ce choix serait les traiter de crétins eux aussi, serait considérer que "ces c... n'ont rien compris".

    Alors parce que je me souviens ne pas avoir apprécié d'être traité de c... auparavant, je respecterai ce choix s'il ne me plaît pas, pour ne pas avoir à me dire que je n'accorde pas aux autres la liberté d'opinion que j'ai revendiquée précédemment.

    Bien sûr je resterai vigilant.

    Bien sûr je ne laisserai pas faire n'importe quoi, le cas échéant, dans la mesure de mes moyens.

    Mais je sais aussi que si je manifeste ma colère et mon opposition le lendemain de l'élection, sur les présupposés que je peux avoir sur l'élu(e), je ne serai qu'un râleur n'acceptant pas le jeu démocratique, et je n'aurai dès lors plus aucune légitimité à m'insurger le jour où il le faudra vraiment.

    J'espère que, si ceux qui ont dit non à la constitution européenne sont déçus ou inquiets à l'issue du second tour, ils auront le sang froid nécessaire pour ne pas s'insurger trop tôt. PS: ce texte est consécutif à un certain nombre de discours entendus ces jours-ci, de la part de gens d'opinions très diverses, mais généralement contestataires.


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